Voici une question qu'on me pose très régulièrement. Il y a t-il un moyen de ne pas avoir mal pendant l'accouchement ? Alors avant de répondre à cette question, demandez-vous plutôt : à quoi sert la douleur ?
Généralement, la douleur envoie un message au cerveau. Le feu brûle la main : on retire la main. La douleur donne le message de fuir la source de chaleur. Lors de l'accouchement, la douleur n'a pas vocation de vous faire fuir la situation (vous ne le pouvez pas) mais de vous mettre en sécurité, de vous mettre à l'abri. Vous ne pourriez pas accoucher dans un supermarché ou au milieu d'une course de vélo, ce ne serait pas un endroit idéal pour mettre au monde un petit. Comme les mammifères, nous avons besoin de nous sentir en sécurité, dans un endroit à l'écart, pour pouvoir donner naissance.
Une fois mis en sécurité, ça serait donc sympa de ne plus avoir mal... Pour autant, ce sont bien les contractions qui favorisent la descente puis l'expulsion de bébé. Pourquoi les contractions font mal ? Ce sont surtout leur répétitivité qui vont créer des courbatures. La douleur provient d'un utérus courbaturé. Et comme pour toute autre courbature, l'important est d'oxygéner le muscle. C'est pour ça qu'on dit que la respiration est un super outil lors de l'accouchement. Il faut bien oxygéner l'utérus et le détendre le plus possible entre les contractions. Imaginez-vous lors d'une course de vélo quand vous descendez une côte ; vous ne pédalez plus, vous relâchez vos muscles. Ca serait beaucoup plus difficile de maintenir les mollets contractés pendant la descente et de rattaquer un sommet ensuite. C'est la même chose lors de l'accouchement, il faut relacher les muscles le plus possible au moins entre les contractions afin de ne pas ajouter de contractions supplémentaires au muscle qu'est l'utérus. L'idéal étant d'être la plus détendue possible même lors des contractions.
Et enfin, la douleur permet la création d'endorphine. En réponse à la douleur et si la femme se sent en sécurité, aimée, entourée, soutenue, le cocktail hormonal se met en place pour que la femme soit comme en état second. Elle n'est plus tout à fait là grâce aux endorphines. C'est l'antidouleur naturel.
Alors bien-sûr, il y a aussi la péridurale ! Comment ne pas en parler ? Mais ce que je dis souvent, c'est qu'on ne pose pas une péridurale dès les premières contractions. Alors tout miser sur cette anesthésie peut être un pari risqué. Car attendre sans ressources une péridurale peut être vécu comme une véritable souffrance. Et la souffrance est à distinguer de la douleur. La douleur est un ressenti normal alors que la souffrance a une dimension psychologique, on souffre quand on a mal et qu'on se sent seul, dépassé, terrassé et sans solutions.
Pour conclure, la douleur est vraiment subjective. Il y a des femmes qui ressentent beaucoup de douleur, d'autres peu, d'autres encore pas du tout. Un peu comme les règles, c'est chacun son vécu. Mais la douleur est physiologique, elle fait partie du processus normal de part la contraction répétée de l'utérus. Par contre, vous pouvez faire en sorte que le cocktail hormonal se mette correctement en place : vous sentir en sécurité, dans votre cocon intime, avec le soutien de votre compagnon puis connaître vos ressources et quelques astuces pour accompagner les contractions. Tout ça, nous en discutons lors de mon accompagnement à la naissance : le but étant que vous ne dépendiez de personne ni d'une anesthésie pour donner naissance à votre enfant. Vous avez toutes les ressources en vous, il suffit de nager dans le même sens que la vague.